Merci

2024

Je l'attendais sur ce banc, un peu déboussolée

La tête pleine de souvenirs et les ongles rongés

J'avais tant espéré ce moment hors du temps

Et la prendre dans mes bras juste un dernier instant


Si seulement j'avais su que ce serait si dur

De la voir s'avancer, de ne plus être sûre

D'être prête aujourd'hui à lui faire mes adieux

Et plonger une ultime fois dans ses si jolis yeux


Lui demander pardon, entendant encore l'écho

De sa détresse candide et de ses quelques mots

Ses larmes et sa douleur que je n'ai su essuyer

Et ses blessures à vif que je n'ai pu soigner


Lui crier que je l'aime, que je ne vis qu'à moitié

Depuis ce jour funeste où mon âme s'est déchirée

Que j'ai voulu en finir, mais que tout commença

Que j'aurais mieux survécu si elle avait été là


Lui parler de ma vie, de ces années sans sa présence

Du vide dans ma poitrine, du poids de ses souffrances

Je l'aimais tristement trop pour pouvoir bien l'aimer

Car le feu de la passion finit toujours par se consumer


Que lui aurais-je dit si je l'avais croisée par hasard ?

L'aurais-je implorée de terminer ce cauchemar ?

Me serais-je effondrée à ses pieds, incapable de comprendre

Qu'on ne me rendra jamais ce qu'on a pu me prendre ?


Et depuis cette question hante mes songes obscurs

Ainsi que la certitude que je ne trouverai pas plus pur

Que notre amour fou, démesuré et sans aucune frontière

Dont nos cœurs seront à jamais le meilleur sanctuaire


L'ardeur de notre flamme n'a cessé de rejaillir

Ces braises toujours brûlantes qui refusaient de mourir

Mes tentatives de les étouffer ont misérablement échoué

Mais au fond de moi étais-je prête à les voir enterrées ?


L'ouragan de mes tourments a cessé de se mouvoir

Laissant place à une brume pâle occultant un large miroir

Où il me semblait percevoir son sourire, estompé par la psyché

Mais chaque jour qui passe efface lentement son reflet


Elle n'est jamais partie, elle vient parfois dans mes rêves

M'insuffler de la confiance dans l'aurore qui se lève

Et son absence au matin m'a soudain fait réaliser

Que ma plus belle preuve d'amour, c'est de la laisser s'en aller


Alors assise sur ce banc, à l'ombre du saule pleureur

J'ai tendu la main vers elle et n'ait senti que la douceur

De ses adieux fébriles, de sa tendresse, de son sourire

De ses doigts croisés aux miens et de nos souvenirs


L'incendie ravageur de nos sentiments assassins

Ne pourra plus avoir raison de mon espoir de lendemain

Le crépuscule ne se couchera pas sur mes paupières lourdes

Et mon esprit est libéré de toute rage froide et sourde


M'éloignant de l'ombre du saule, sans un regard en arrière

Je l'aime et je l'aimerai toujours, mais de manière bien plus légère

Je ne lui souhaite que le meilleur, et que sa vie soit belle

Et qu'elle soit heureuse sans moi comme je le suis sans elle

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